DISCOURS DE M. BRUNO RODRÍGUEZ PARRILLA, MINISTRE DES RELATIONS EXTÉRIEURES DE LA RÉPUBLIQUE DE CUBA, À LA PRÉSENTATION DU PROJET DE RÉSOLUTION A/RES/78/L.5

DISCOURS DE M. BRUNO RODRÍGUEZ PARRILLA, MINISTRE DES RELATIONS EXTÉRIEURES DE LA RÉPUBLIQUE DE CUBA, À LA PRÉSENTATION DU PROJET DE RÉSOLUTION A/RES/78/L.5

Monsieur le Président ;

Excellences ;

Chers délégués,

Le blocus viole le droit à la vie, à la santé, à l’éducation et au bien-être de l’ensemble des Cubaines et Cubains. Nos familles l’éprouvent dans les magasins dégarnis, les longues queues, les prix excessifs ou les salaires dévalués.

Le gouvernement cubain consent de gros efforts pour garantir le « panier de la ménagère » auquel ont droit toutes les familles sans exception et qui, bien que ne satisfaisant pas à tous les besoins, permet en tout cas d’assurer ce qui leur est indispensable à des prix extraordinairement subventionnés.

Il lui en a coûté cette année plus de 1,6 milliard de dollars, une somme qui aurait largement pu être couverte rien qu’avec le tiers des préjudices que nous a causés le blocus entre mars 2022 et février 2023.

Le blocus prive l’industrie nationale des financements que requièrent l’achat de machines agricoles, de produits pour alimentation animale, de parties et de pièces de rechange pour équipements et d’autres intrants nécessaires à la production d’alimentation, qui est gravement touchée.

S’il est vrai que Cuba peut acquérir par voie commerciale des produits agricoles aux Etats-Unis, il n’en reste pas moins que ces achats sont soumis à des conditions discriminatoires draconiennes qui violent les règles acceptées universellement en matière de commerce international et de liberté de commerce et de navigation, puisqu’elle doit les payer d’avance et les faire transporter sur des cargos étasuniens, lesquels doivent donc retourner à vide aux Etats-Unis.

Alors que, dans le reste du monde, le commerce se fait dans deux directions, Cuba est interdite d’exportations aux Etats-Unis et d’accès à des crédits, même privés ou provenant d’institutions financières multilatérales.

Les familles cubaines ont souffert de coupures de courant qui, à des moments donnés, ont été angoissantes. Les préjudices causés durant cette période au secteur de l’énergie et des mines dépassent 491 millions de dollars, le plus touché étant justement le système électrique national, à hauteur de plus de 239 millions.

Sans ces pertes, il aurait été possible de garantir les approvisionnements en pièces détachées et les maintenances programmés indispensables, ce qui aurait permis d’éviter les si gênantes coupures de courant et d’assurer le bon fonctionnement de notre industrie électrique.

Les malades, dont les enfants, les seniors et les femmes enceintes, souffrent aussi des pénuries ou de l’instabilité de médicaments à usage hospitalier, dont ceux concernant le traitement du cancer et des maladies cardiaques, tandis que les autres ont du mal à trouver à temps l’insuline, les antibiotiques, les analgésiques, les hypotenseurs et les autres médicaments de première nécessité.

Bien que notre pays soit en mesure de produire plus de 60 p. 100 de sa pharmacopée, cela lui a été impossible durant cette période à cause du durcissement extrême du blocus et de la traque incessante de nos opérations financières.

Autorisé par la famille, je vais me permettre de vous faire connaître la situation profondément douloureuse de María, une petite Cubaine âgée de six ans, qui a été opérée en partie d’une tumeur intracrânienne de grade 4. On n’a pu lui garantir qu’un traitement chimiothérapique alternatif pour combattre la tumeur, parce qu’il a été impossible, à cause du blocus, de lui administrer de la lomustine, de fabrication étasunienne, alors qu’il s’agit pourtant, de pair avec d’autres médicaments de première ligne contre ce genre de tumeur à grade élevé qui touche le système nerveux central, de celui qui offre le traitement le plus efficace. La fillette a fait une rechute et reçoit un traitement de sauvegarde. Pour elle, comme pour d’autres enfants cubains, le blocus marque le fil rouge entre la vie et la mort.

Yadier et Abel, âgés de quatorze ans, souffrent de paralysie cérébrale et donc de spasmodicité qui limite leur fonction motrice et provoque des mouvements involontaires incontrôlables, d’où leurs difficultés dans la vie quotidienne. Grâce au dévouement de leurs maîtres et professeurs et d’autres professionnels durant toutes leurs années de vie, ils ont pu atteindre la plus grande fonctionnalité motrice, intellectuelle et communicationnelle possible et leur plus grande intégration sociale. Oui, mais comme leur vie changerait si Cuba pouvait se procurer directement sur le marché étasunien de la toxine botulinique type A, un médicament injectable qui évite les spasmes et offre des résultats encourageants à ce type de patients !

Comme tant d’autres, ils sont des victimes directes du harcèlement impitoyable dont Cuba fait l’objet.

L’administration étasunienne ment quand elle dit que le blocus n’interdit pas à Cuba de se procurer aux Etats-Unis des médicaments et des équipements médicaux !

Aux pires moments de la pandémie du Covid-19, quand les cas atteignaient leur pic et que les salles de soins intensifs étaient saturées, Cuba n’a pu importer des ventilateurs pulmonaires parce que les compagnies européennes qui les fournissaient étaient des filiales étasuniennes. C’est là, incontestablement, non seulement une violation éhontée des normes du commerce et du droit international, mais encore une politique cruelle et inhumaine ! Cuba a donc dû produire ses propres ventilateurs pulmonaires.

Autre preuve de la cruauté extrême du blocus et de sa brutalité : quand, à ce pic pandémique dont je viens de parler, notre principale usine d’oxygène médicinal a souffert une avarie, nous avons tenté d’en obtenir aux Etats-Unis. Eh ! bien, même en pleine pandémie, deux compagnies étasuniennes n’ont pu nous en livrer, faute de pouvoir obtenir les permis spécifiques correspondants ! Nous avons par ailleurs des preuves que différentes agences gouvernementales ont manigancé pour que des compagnies étrangères dans deux pays latino-américains ne nous vendent pas d’oxygène médicinal…

Le blocus a provoqué des difficultés et des retards à l’importation et à l’arrivée dans notre pays d’autres intrants et équipements médicaux indispensables au combat contre le Covid-19, notamment en vue de la production industrielle de nos propres vaccins.

Durant la pandémie, l’administration étasunienne a délivré des exemptions humanitaires temporaires aux pays en butte à ses mesures coercitives unilatérales et à d’autres sanctions.

Pourquoi Cuba en a-t-elle été exclue ? Le fait est que l’administration étasunienne a utilisé en opportuniste le Covid-19 comme un allié dans sa guerre contre Cuba !

Le blocus constitue un crime de génocide, tel que le décrit la Convention de 1948 pour sa prévention et sa répression, article II, alinéas b et c.

La sinistre décision de l’administration étasunienne de durcir son blocus dans cette conjoncture pandémique et de tirer profit de la crise économi1que mondiale que celle-ci a provoquée afin de fomenter la déstabilisation de notre pays met clairement à nu la nature foncièrement cruelle et inhumaine de cette politique.

Si notre pays a pu accomplir l’exploit de sauver et de préserver la vie de ses habitants dans de si difficiles circonstances, c’est parce que notre gouvernement et notre peuple ont pu et su consentir des efforts collectifs, des décennies durant, pour mettre en place un système médical et scientifique robuste, foncièrement humaniste et de qualité élevée, accessible gratuitement à l’ensemble des Cubaines et des Cubains.

Le gouvernement cubain continuera, certes, de mettre l’être humain au cœur de son action ; n’empêche que le blocus a des retombées nocives incontestables sur la qualité de vie et les services offerts à la population.

Monsieur le Président,

Cuba résiste depuis plus de soixante ans à un blocus économique, commercial et financier impitoyable, au point que plus de 80 p. 100 de la population actuelle n’a vécu que sous blocus !

L’administration étasunienne n’a jamais cessé de vouloir priver notre pays de revenus financiers indispensables, déprimer le niveau de vie de la population, imposer des pénuries permanentes en aliments, médicaments et autres intrants essentiels, et provoquer l’effondrement de notre économie.

Elle s’en prend avec rage, faisant preuve d’une précision chirurgicale, aux secteurs les plus sensibles de notre économie et cherche délibérément à faire le plus grand tort aux familles cubaines.

Le blocus est un acte de guerre économique en temps de paix, dont le but est d’annuler la capacité du gouvernement à répondre aux besoins de la population, de créer une situation où il devient impossible de gouverner et de détruire l’ordre constitutionnel.

Tel était bien, d’ailleurs, l’objectif infâme que proposait Lester Mallory, alors sous-secrétaire d’État adjoint aux affaires interaméricaines, dans un mémorandum daté du 6 avril 1960 :

« … il faut mettre en œuvre au plus vite tous les moyens possibles pour miner la vie économique de Cuba… en refusant à Cuba argent et approvisionnements afin de réduire les salaires nominaux et réels, de provoquer de la faim, du désespoir et le renversement du gouvernement. »

Voilà donc, dès son origine, la nature du blocus, ce qui explique la politique de coercition économique et de pression maximale qu’applique l’administration étasunienne en place.

Cette politique est d’autant plus absolument unilatérale et injustifiée que notre pays n’a jamais engagé la moindre action pour causer des préjudices aux Etats-Unis, à leur puissante économie ou à leur commerce.

Cuba n’a jamais rien entrepris qui menace l’indépendance des Etats-Unis ou leur sécurité nationale, qui porte atteinte à leurs droits souverains, qui s’ingère dans leurs affaires intérieures ou qui fasse du tort au bien-être de leur habitants.

Il est absolument illégal et immoral que le gouvernement d’une grande puissance livre, des décennies durant, une guerre économique incessante contre un petit pays afin de lui imposer un système politique dont il ne veut pas et de s’approprier à nouveau ses ressources. Il est inacceptable de priver un peuple entier de son droit à la paix, à l’autodétermination, au développement et au progrès humain.

Le peuple cubain n’est pas le seul à subir les terribles conséquences d’une politique illégale, cruelle et inhumaine. Bien d’autres de par le monde sont aussi victimes de cette injustice, de la « philosophie de la spoliation » qui conduit à la « philosophie de la guerre », comme le dénonçait Fidel Castro à cette même tribune, en 1960.

A ce moment tragique, je réitère tout l’appui et toute la solidarité de Cuba avec le peuple frère palestinien, massacré aujourd’hui sur sa propre terre illégalement occupée. Il faut stopper cette barbarie !

Monsieur le Président,

Les administrations étasuniennes se sont efforcées de semer l’idée que le gouvernement cubain est inefficace et que notre système est voué à l’échec.

Elles affirment cyniquement qu’elles « appuient le peuple cubain » et veulent faire croire que leurs mesures coercitives unilatérales ne touchent pas les familles et ne jouent aucun rôle dans les difficultés de notre économie nationale.

S’il est vrai que le blocus n’est pas le responsable de tous les problèmes que connaît notre pays, comme l’a reconnu le président Miguel Díaz-Canel, il n’en reste pas moins qu’il a de gravissimes effets et qu’il constitue la cause principale des privations, carences et souffrances que c0nnaissent les familles cubaines.

Quiconque nie que le blocus est une violation massive, flagrante et systématique des droits humains de tout notre peuple et le pire obstacle à notre développement est un menteur !

Les faits sont là qui le prouvent.

Du 1er mars 2022 au 28 février courant, les dommages et préjudices causés par le blocus ont été estimés, au bas mot, a 4 867 000 000 de dollars. Soit plus de 405 millions par mois, plus de 13 millions par jour. Sans le blocus, le PIB aurait enregistré une croissance de 9 p. 100 en 2022.

A prix courant, ses effets accumulés sur plus de soixante ans se chiffrent à plus de 159 milliards de dollars et, comparés à la valeur de l’or, à 1,337 billion de dollars.

Ce sont là des montants faramineux pour n’importe quelle économie, à plus forte raison pour un petit pays insulaire et en développement comme le nôtre.

Que serait Cuba aujourd’hui si elle avait pu compter sur ces ressources !

Dès le second semestre de 2019, l’administration étasunienne a resserré son encerclement de notre pays à un niveau extrême, encore plus pervers et nocif, adoptant des mesures typiques d’un temps de guerre pour nous empêcher de recevoir des livraisons de carburants, renforçant ses attaques contre notre coopération médicale internationale, traquant encore plus vigoureusement nos transactions commerciales et financières sur d’autres marchés, se proposant, en mettant en œuvre, de manière extraterritoriale, le Titre III de la Loi Helms-Burton qui autorise des actions légales auprès de cours étasuniennes,  de faire peur aux investisseurs et aux compagnies commerciales de pays tiers.

Les nombreuses interdictions et restrictions visant Cuba incluent par ailleurs une « Liste d’entités cubaines frappées de restrictions » qui concerne le gros de nos compagnies et, bizarrement, une autre, unique au monde, de « Logements interdits » !

Dans une économie internationale mondialisée, il est non seulement absurde, mais surtout criminel, de continuer d’interdire l’exportation à Cuba d’article produits où que ce soit sur la planète s’ils contiennent 10 p. 100 ou plus de composants étasuniens, et qu’on empêche l’importation aux Etats-Unis de produits fabriqués dans les pays que vous représentez s’ils contiennent des matières premières, des intangibles ou des composants cubains.

Qu’adviendrait-il aux autres économies, même de pays riches, si elles étaient soumises à de semblables conditions ?

Monsieur le Président,

Les Etats-Unis resserrent leurs mécanismes de harcèlement contre le secteur bancaire et financier cubain. Non contents de nous interdire d’utiliser le dollar, ils traquent, en obsédés, nos transactions financières dans d’autres monnaies, notre commerce et les investissements en rapport avec notre pays.

La traque s’est encore aggravée depuis que le département d’État nous a inscrit sur sa liste absolument arbitraire des États commanditaires du terrorisme international ! Une mesure gravissime imposée par l’administration républicaine précédente à peine neuf jours avant d’abandonner la Maison-Blanche et que l’administration démocrate en place a maintenue, alors qu’elle pourrait pourtant nous en radier d’un trait de plume.

L’administration étasunienne ment et fait un tort énorme aux efforts internationaux de combat contre le terrorisme quand elle accuse Cuba, sans le moindre fondement, d’être commanditaire de ce fléau !

Aucun argument valide et raisonnable ne justifie le maintien de Cuba sur cette liste illégitime, qui est d’autant plus inadmissible que notre pays a été et reste victime du terrorisme, entre autres l’incitation en toute impunité à la violence et à des actes terroristes en provenance du territoire étasunien, et que nous avons toujours condamné et poursuivi le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, ce que sait parfaitement la communauté internationale.

Car cette accusation de commanditaire du terrorisme a des conséquences particulièrement graves et nocives pour notre pays, au sein d’une économie internationale toujours plus interconnectée, interdépendante et soumise aux diktats de centres de pouvoir financiers contrôlés depuis Washington.

Fortes de cette accusation arbitraire, les autorités étasuniennes se livrent, partout dans le monde, à des extorsions contre des centaines d’organes bancaires et financiers, les plaçant devant l’alternative suivante : poursuivre leurs relations soit avec les Etats-Unis soit avec Cuba !

Ainsi, de janvier 2021 à février 2023, des banques étrangères ont refusé à 909 reprises de prêter des services à notre pays.

Des dizaines de missions diplomatiques cubaines ont vu s’interrompre leurs relations avec leurs banques habituelles et ne disposent plus aujourd’hui de comptes bancaires et de services financiers, même dans des pays qui ont des relations d’amitié et de coopération avec le nôtre, qui rejettent constamment le blocus économique et sont victimes à leur tour de l’hostilité extraterritoriale des Etats-Unis, de leur influence nuisible et disproportionnée sur le système financier international et de leur intention de saboter l’économie cubaine.

Par ailleurs, cette qualification arbitraire élève exponentiellement le soi-disant Risque pays, ce qui nous oblige à payer n’importe quelle marchandise jusqu’au double sur le marché international.

Les entrepreneurs privés cubains, que les Etats-Unis prétendent cyniquement soutenir, ne peuvent bien souvent accéder à des plateformes de paiement et commerce électronique, comme PayPal et Airbnb, ne peuvent pas, parce que Cubains, ouvrir des comptes personnels aux Etats-Unis et se heurtent dans des pays tiers à des restrictions bancaires, en plus de la discrimination découlant des effets du blocus.

Jusqu’au perfectionnement universitaire tombe sous les coups de cette politique absurde. Evelio, un Cubain de vingt-cinq ans, fait des études d’ingénieur en sciences informatiques. Appuyé par son université, il a voulu partager les résultats de ses recherches scientifiques en assistant en présentiel au World Congress on Undergraduate Research (WorldCUR), qui s’est déroulé du 4 au 6 avril 2023 à l’université de Warwick, au Royaume-Uni, où il a été accepté compte tenu de la qualité de ses travaux. Mais, peu de temps avant, les organisateurs du Congrès lui ont fait savoir que, Cuba étant inscrite sur la liste des pays sous sanctions, ils lui retiraient le financement qui devait lui permettre de s’y rendre.

Evelio et des milliers de jeunes Cubains dans son cas aspirent à voir cesser un jour ce blocus qui les exclut et les discrimine, les empêchant d’interagir participer sur un pied d’égalité avec les c0mmunautés universitaires, scientifiques et étudiantes.

Les sportifs et les artistes cubains, qui sont eux aussi victimes de discrimination et parfois de harcèlement, n’ont pas le droit de toucher les sommes qui accompagnent leurs médailles et leurs prix.

Monsieur le Président,

Le blocus restreint les droits des Cubains résidant aux Etats-Unis, empêche la réunification familiale faute de visas et de mécanismes réguliers, ne permet pas la délivrance à Cuba de visas de voyageurs et entrave l’envoi de fonds familiaux. Il engendre aussi de l’incertitude et, partant, la recherche de la réalisation personnelle dans d’autres pays, même chez des familles de jeunes très qualifiés.

Par ailleurs, la migration accrue, avec son coût douloureux pour les familles et ses conséquences démographiques et économiques nuisibles pour la nation, est directement associée à la recrudescence du blocus et au traitement privilégié dont bénéficient pour des motifs essentiellement politiques les Cubains qui arrivent aux frontières des Etats-Unis par quelque moyen que ce soit.

On ne saurait comprendre le volume et la nature des flux migratoires de Cubains à travers des pays de la région à destination des Etats-Unis sans jauger le poids de ces facteurs, lesquels sont utilisés à des fins de déstabilisation, de vols de talents et de discrédit. Tout aussi évidentes sont leurs retombées défavorables sur certains pays, quand les Cubains, une fois sur place, deviennent des irréguliers et utilisent des routes incertaines et dangereuses ou quand ils sont victimes de bandes criminelles organisées.

Cuba continuera de prôner une migration régulière, sûre et ordonnée. Il incombe à l’administration étasunienne de modifier les causes structurelles du gros de la migration cubaine, aussi bien régulière qu’irrégulière.

Quoi qu’il en soit, le blocus entrave la liberté des Étasuniens de voyager à Cuba et entrave leur droit à la liberté d’information et d’opinion.

Il discrimine aussi, intimide et prive les citoyens des pays jouissant du privilège du visa automatique aux USA, connu comme ESTA, s’ils ont visité Cuba.

Monsieur le Président,

Le durcissement de l’encerclement économique s’est doublé d’une campagne médiatique et communicationnelle soutenue contre Cuba, qui se fonde sur les nouvelles technologies de l’information et sur des plateformes numériques pour tenter de capitaliser les pénuries que provoque le blocus et envoyer une image absolument faussée de la réalité cubaine, de déstabiliser et de discréditer notre pays. Cette croisade médiatique, menée essentiellement à partir de plateformes toxiques financées et installées aux Etats-Unis, vise à stimuler le découragement et le malaise, à créer la perception d’une crise politique interne, à discréditer les institutions du gouvernement et à entraver les efforts gigantesques que consent le pays pour régler les problèmes d’une économie sous blocus. Il s’agit d’une guerre non classique, cognitive, à laquelle l’administration étasunienne alloue sans le dissimuler des millions de dollars tirés du budget fédéral et des services secrets. C’est là un plan pervers, incompatible avec la démocratie, la liberté et le droit à l’information que disent prôner les Etats-Unis.

Monsieur le Président,

L’administration en place suit la même politique inhumaine instaurée par celle de Donald Trump, au point, paradoxalement, de l’avoir faite sienne, puisqu’elle maintient dans la pratique et applique de la manière la plus sévère les lois et réglementations qu’elle avait promulguées, y compris les plus hostiles et les plus inhumaines.

Bref, le blocus, extrêmement durci, reste la clef qui définit la politique des Etats-Unis envers Cuba.

Ses effets extraterritoriaux, chers délégués, font fi de la souveraineté des pays que vous représentez, enfreint vos législations nationales, vous soumet aux décisions de cours étasuniennes, écorne les intérêts de vos compagnies qui souhaitent avoir des relations avec les deux pays, punit vos hommes d’affaires et restreint la liberté de vos citoyens, tout ceci constituant des violations du droit international.

Monsieur le Président,

Plus de trois décennies se sont écoulées depuis que cette Assemblée a entrepris, année après année, de demander la levée du blocus contre Cuba. Or, le gouvernement de la plus grande puissance économique, financière et militaire a fait fi de cette volonté expresse de la communauté internationale, ignorant impunément les résolutions successives du forum le plus démocratique et représentatif des Nations Unies, ce qui est inadmissible.

Au nom du peuple cubain, je sais gré aux chefs d’État ou de gouvernement et aux hauts fonctionnaires de quarante-quatre pays d’avoir exprimé leur rejet du blocus durant le débat général de cette session, dont vingt et un ont condamné explicitement l’inscription arbitraire de Cuba sur la liste unilatérale et mensongère des États censément commanditaires du terrorisme international.

Je remercie les nombreuses délégations qui, hier et ce matin, ont exprimé leur position.

Je remercie aussi profondément nos compatriotes de leurs prises de position et de leur aide fraternelle, le mouvement de solidarité ample et universel envers Cuba et les nombreux amis de différentes latitudes.

Il nous est encourageant de pouvoir compter sur le soutien croissant des personnes de bonne volonté qui, de par le monde, réclament que l’administration étasunienne mette fin au blocus.

Malgré l’hostilité de ce gouvernement, nous continuerons de tendre des ponts avec le peuple étasunien, comme nous le faisons avec tous les autres peuples du monde.

Nous resserrerons toujours plus les liens avec les Cubains résidant à l’étranger. Nous accueillerons sous peu la quatrième conférence « La Nation et l’émigration » qui contribuera à enrichir le dialogue entre le gouvernement cubain et nos compatriotes.

Monsieur le Président,

Les problèmes, si énormes qu’ils soient, ne nous font pas peur. Le peuple cubain ne renoncera jamais à honorer, à agrandir et à défendre sa patrie libre et souveraine.

Nous poursuivrons nos efforts de transformation révolutionnaire, en quête de solutions à la guerre que nous impose l’impérialisme étasunien et de voies conduisant à la prospérité assortie de justice sociale que mérite notre peuple.

Nous travaillons à relancer la vie économique et sociale de notre pays, à appuyer la transformation de nos communautés, à soutenir et à élargir les programmes sociaux.

Nous continuerons de garantir la participation de nos jeunes et de tous les citoyens aux processus politiques, économiques, sociaux et culturels de la nation.

Aucun autre peuple n’a dû se colleter avec un projet de développement dans de semblables conditions, en butte à la guerre si systématique et si prolongée d’une superpuissance.

Mais Cuba continuera de se renouveler, attachée à l’édification d’une nation souveraine, indépendante, socialiste, démocratique, prospère et durable.

Monsieur le Président ;

Excellences ;

Chers délégués,

En votant sous peu le projet de résolution qui vous sera présenté, vous ne déciderez pas seulement sur une question vitale pour Cuba et pour chaque famille cubaine.  Vous vous prononcerez en faveur de la raison et de la justice, vous appuierez la Charte des Nations Unies et le droit international.

Au nom de notre peuple noble, digne et solidaire, qui a décidé voilà beau temps d’être maître de son histoire et de ses destinées ;

Au nom des millions de Cubaines et de Cubains qui résistent et qui créent, jour après jour, face au système de mesures coercitives unilatérales le plus cruel et le plus prolongé jamais appliqué à aucun autre pays et devant être aboli une bonne fois pour toutes, pour le bien de tous.

Je vous demande respectueusement de voter le projet de résolution A/RES/78/L.5, intitulé : « Nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier appliqué à cuba par les Etats-Unis d’Amérique ».

Sans blocus, c’est mieux ! Sans blocus génocidaire !

Laissez Cuba vivre sans blocus !

 

Je vous remercie.

 

(Cubaminrex)

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