Depuis le Palais de la Révolution, le 20 août 2025, « 67e année de la Révolution »
(Traduction de la version sténographique de la Présidence de la République)
Je t’adresse mes salutations, ainsi qu’au peuple bolivarien du Venezuela, cher frère Nicolas Maduro, président légitime de la République bolivarienne du Venezuela,
Nos salutations vont à nos frères chefs d'État et de gouvernement : les chers coprésidents du Nicaragua, Daniel et Rosario ; le président de l'État plurinational de Bolivie, Arce, et le Premier ministre de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, ainsi que les honorables représentants des pays qui composent notre Alliance,
Nous saluons également notre cher Rander Peña, secrétaire exécutif de l'ALBA-TCP, qui a travaillé d'arrache-pied depuis qu'il a assumé cette responsabilité.
Tout d'abord, Maduro, je vous transmets les salutations cordiales du général d'armée Raul Castro Ruz, qui a suivi de près tous les événements, ainsi que la convocation à ce sommet.
Je souhaiterais commencer mon intervention en lisant un texte dont je vous indiquerai ensuite la provenance.
Ce texte dit : « La diplomatie des canonnières fait son retour dans les Caraïbes. Des navires, des avions, un sous-marin et des milliers de soldats étasuniens sont déployés dans la région, cette fois sous prétexte de lutter contre le trafic de drogue et les groupes criminels qui menacent la sécurité des États-Unis. Cela ressemblerait à une farce éculée si cela ne risquait pas de déboucher sur une tragédie. Cette nouvelle circule au moment même où le gouvernement de ce pays, de manière éhontée, en violation de toutes les règles de la coexistence internationale, met à prix la tête du président légitime de la République bolivarienne du Venezuela. »
Ce que je viens de lire est un extrait, bref mais percutant, et en même temps chargé d'une mémoire douloureuse, d'une Déclaration de la Casa de las Américas qui, comme nous le savons tous, est une institution des intellectuels progressistes de Notre Amérique qui entretient également des liens étroits avec les créateurs d'Amérique du Nord.
La dénonciation, qu'ils ont émise depuis leur siège à La Havane, est un cri d'urgence de nos penseurs, conscients de la signification de ces actes d'arrogance impériale, mais aussi du pouvoir de l'unité auquel tu faisais référence pour les arrêter.
Il ne fait aucun doute que nous vivons une époque de défis immenses et de risques exceptionnels.
L'impérialisme, dans le déploiement de son offensive hégémonique et agressive, montre clairement qu'il n'a pas l'intention de s'arrêter devant les limites que lui imposent le Droit international, la Charte des Nations unies et des décennies de résolutions et de déclarations régionales et universelles contre la coercition, la menace, l'ingérence dans les affaires intérieures d'autres États et l'intervention.
La prérogative annoncée que le gouvernement des États-Unis entend accorder à ses agences chargées de l'application et du respect de la loi pour agir contre des organisations criminelles à l'intérieur des frontières d'autres États constitue une menace inacceptable d'agression, de violation de la souveraineté des nations de la région et une perturbation supplémentaire du régime de paix et de coopération qui ont demandé tant d’efforts aux pays d'Amérique latine et des Caraïbes pour le garantir.
Un tel déploiement d'unités navales militaires vers le sud des Caraïbes, sous les ordre du Commandement Sud, implique, selon certaines sources, jusqu'à 4 000 soldats et est présenté comme un acte de dissuasion, sous le prétexte fallacieux et disproportionné de lutter contre les cartels du trafic de drogue. C'est ce que dit et promeut l'État le plus « narco » du monde, à savoir les États-Unis.
Compte tenu des caractéristiques des unités déployées, il s'agit d'un mouvement stratégique qui pourrait faciliter des actions conformément à la loi étasunienne, plus précisément au Titre 50 du Code des États-Unis sur la guerre et la Défense nationale, qui confère au président de ce pays la capacité de mener des opérations militaires ou clandestines, d'imposer des sanctions et de confisquer des biens sans en informer préalablement le Congrès.
C'est pourquoi Cuba dénonce fermement cette nouvelle démonstration de force impériale et appelle – nous nous joignons à ton appel, Nicolas – l'ALBA-TCP, et d'ici tous les peuples du monde, à condamner cette attaque irrationnelle de l'administration Trump.
Nous dénonçons également avec la même fermeté l'encouragement et le financement des plans terroristes contre le Venezuela, ainsi que l'accusation mensongère lancée par le gouvernement des États-Unis contre le président Nicolas Maduro, qui prétend l'associer, sans fondement ni aucune preuve, à des organisations criminelles liées au trafic illicite de drogue. Il s'agit, une fois de plus, du type de manœuvres auxquelles recourt l'impérialisme lorsqu'il nourrit des intentions agressives à l'égard d'États souverains, lorsqu'il n'est pas capable d'étouffer l'esprit de résistance des peuples et qu'il a donc besoin d'un prétexte frauduleux pour justifier ses actions.
Les graves menaces proférées depuis « ce Nord agité et brutal qui nous méprise », comme le décrivait José Marti, font partie d'un schéma de domination avilissant, déterminé à réactiver la doctrine Monroe, clé de l'interventionnisme étasunien dans notre hémisphère.
Aussi, n'avons-nous pas d'autre choix que d'affronter l'empire qui prétend nous subordonner à ses intérêts. Et nous devons le faire en étant résolument unis dans nos convictions et dans nos actions. C'est dans cet esprit d'engagement historique en faveur de la défense inébranlable de notre destin commun que nous nous sommes rassemblés au sein de l'ALBA-TCP.
La paix et la coexistence pacifique entre les États, auxquelles nous aspirons, ne sauraient se fonder sur la naïveté ni nous faire oublier les dangers. Il nous appartient de la défendre comme un droit inaliénable, et à partir de positions réalistes.
Comme vous le savez tous, le 13 août dernier, nous avons célébré, non seulement à Cuba, mais aussi dans d'autres pays d'Amérique latine, des Caraïbes et du monde, le 99e anniversaire de celui qui, de par son immense héritage d'idées et d'actions, reste le commandant en chef et le plus grand leader historique de la Révolution cubaine, Fidel Castro Ruz. Ces jours-ci, nous avons lancé une année commémorative, d'envergure internationale, pour son Centenaire.
La contribution aux multiples facettes de Fidel à l'Histoire et aux efforts d'intégration et d'unité de notre région est incommensurable. De nouvelles générations de dirigeants et de militants sociaux d'Amérique latine et des Caraïbes s'approprient cet héritage fidéliste qui, associé à celui de l'inoubliable commandant Hugo Chavez et d'autres leaders incontestables des efforts d'unité de Notre Amérique, demeure aujourd'hui plus que jamais la boussole de l'action, en accord avec les idées bolivariennes et martiniennes.
Gardien zélé de la diversité, Fidel fut également un architecte infatigable de l'unité de nos peuples, fondée sur un profond sentiment anti-impérialiste. Il nous a appris que la bataille n'est pas seulement politique ou économique, mais aussi culturelle et morale.
Forts de cet arsenal d'expériences et d'idées, nous sommes appelés à faire face aux menaces qui pèsent non seulement sur un groupe de nos pays, comme le Venezuela, le Nicaragua et aussi Cuba, récemment devenus la cible privilégiée du blocus et des mesures économiques coercitives unilatérales du gouvernement des États-Unis, mais aussi sur tous les peuples désireux de décider de leur propre destin. La défense du droit à l'autodétermination et la solidarité indéfectible entre pays frères sont un mandat de l'Histoire qui nous a amenés jusqu'ici.
Les États-Unis, que cherchent-ils ? Ils cherchent à nous diviser par leur politique de pressions et de blocus ; ils prétendent nous affaiblir par des discours haineux et des actions déstabilisatrices. Mais notre histoire – et ne l'oublions pas – est marquée, depuis nos ancêtres indigènes, mais aussi depuis le meilleur et le plus populaire que nous ont légué l'Afrique, l'Asie et l'Europe elle-même, par la résistance et la victoire des peuples unis.
C'est donc à partir de cette somme de savoirs et de sentiments que nous ont légués nos ancêtres que nous ne pouvons pas non plus cesser d'exiger, à chaque tribune, dans chaque espace, dans chaque déclaration de rejet de l'impérialisme, l’arrêt du génocide à Gaza.
Les menaces qui pèsent aujourd'hui sur le Venezuela reposent sur la même philosophie de spoliation qui a transformé une petite bande de terre en enfer sur terre.
Stop à l'impunité sioniste ! Stop à la complicité impériale ou vice versa. Tous les crimes ont des auteurs et des complices pour pouvoir perdurer dans le temps. Le sionisme israélien et l'impérialisme yankee échangent leurs rôles dans leurs activités criminelles. Cuba le sait bien, car dans son blocus génocidaire, l'empire a toujours pu compter sur le soutien indéfectible du génocidaire Israël.
Chers frères,
Nous sommes fiers que l'ALBA-TCP soit à l'avant-garde de la dénonciation des menaces impériales continues et qu'elle se présente comme une voix ferme face aux prétentions étasuniennes. Cette Alliance est notre premier bouclier contre les dangers qui menacent la paix et la sécurité de la région.
Dans ce contexte, nous soutenons résolument le Communiqué spécial adopté par le Groupe des amis en défense de la Charte des Nations unies, dans lequel les pays membres ont exprimé leur inquiétude face aux intentions déclarées du gouvernement des États-Unis d'engager des actions militaires en Amérique latine et dans les Caraïbes.
En accord avec la Proclamation de l'Amérique latine et des Caraïbes comme Zone de paix, nous considérons qu'il est nécessaire de mobiliser la dénonciation de la Communauté des États latino-américains et caribéens contre cette nouvelle tentative de colonisation, c'est pourquoi nous soutenons la tenue d'une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de la CELAC.
Le 23 janvier 1959, le commandant en chef Fidel Castro, s’exprimant lors d’un rassemblement massif sur la Plaza del Silencio, à Caracas, avait déclaré : « ...Ces peuples ont acquis une trop grande conscience de leur destin pour se résigner à nouveau à la soumission et à l'abjection misérable dans lesquelles nous avons vécu pendant plus d'un siècle ». Et il ajoutait : « Ces peuples d'Amérique savent que leur force interne réside dans l'union et que leur force continentale réside également dans l'union ».
Nous, Cubains, partageons cette conviction. Le sang de nos héros n'a pas été versé en vain. Et si venait le moment de défendre de nos propres vies le sol sacré de la Patrie, nous accomplirions ce devoir comme le plus grand honneur.
Chers amis,
Ni les fanfaronnades au sujet d’une intervention, ni les pressions politiques et économiques, ni les campagnes de désinformation ne suffiront à briser les essences et à faire capituler la dignité latino-américaine et caribéenne si nous restons unis. »
Notre force est la force de l'Histoire et des idéaux partagés, et elle repose sur la ferme conviction que la liberté et la souveraineté de chaque peuple sont la liberté et la souveraineté de tous.
Je reviens une fois de plus à l'appel de la Casa de las Américas. Comme le soulignent ses intellectuels : « Si quelque chose est clair, et l'impérialisme lui-même nous empêche de l'oublier, c'est qui incarne depuis au moins deux cents ans l'ennemi principal des idéaux de Bolivar et de Marti. Cet ennemi, ce géant aux sept lieues, nous devons le combattre par tous les moyens, sans nous égarer dans des discussions qui facilitent la mission des navires, des avions, des sous-marins et des milliers de soldats qui nous menacent. C’est à nouveau l’heure du dénombrement et de la marche unie ».
Maduro, mes frères,
Que la voix de nos grands penseurs et l'esprit de Chavez et de Fidel, à l'aube de l'année du centenaire du Commandant en chef, nous guident dans cette lutte commune !
Que la solidarité et l'unité inébranlables soient nos boucliers ! Ce n'est qu'ensemble, unis par l'espoir et l'amour de notre terre, que nous pourrons construire l'avenir que méritent les générations présentes et futures !
Vive la souveraineté et la liberté de nos peuples !
Et comme l'a dit le Che : Hasta la Victoria Siempre !
(Applaudissements.)
(EmbaCuba Bélgica - Cubaminrex - Presidencia)