Le 10 novembre 2021
Bonjour à tous.
Je remercie profondément le corps diplomatique accrédité à La Havane d’être venu.
Voilà donc la première fois que nous nous retrouvons au terme de ces deux années de pandémie et de restriction des rencontres sociales et diplomatiques, typique du service extérieur dans le monde entier. Nous avons eu une première rencontre, heureusement, la semaine dernière ou peut-être la semaine précédente.
La raison de cette convocation de ce matin, c’est que notre pays va se rouvrir intégralement dans les prochains jours, que différents secteurs de son économie, qui avaient été limités durant cette longue et difficile période, vont connaître une relance.
La reprise de l’année scolaire et de l’enseignement à tous les niveaux nous remplit de joie, ainsi que la vision de nos enfants en uniforme retournant heureux à leurs écoles, accompagnés de leurs parents.
Notre pays rend aussi hommage à son personnel de santé, à ses médecins, à son personnel paramédical, à ses scientifiques, et, tout particulièrement, à ses jeunes, à ses étudiants qui se sont situés à l’avant-garde dans le combat contre la pandémie, dans le cadre de politiques sociales visant à protéger les malades et leurs familles, à prévenir la contagion, à protéger les personnes les plus vulnérables, les personnes âgées vivant seules, les famille ayant besoin de l’appui généreux, affectueux de leurs voisins.
Les vols internationaux vont reprendre massivement dans les prochains jours, si bien que nous aurons l’occasion d’accueillir nos compatriotes qui sont restés à l’étranger pour des périodes prolongées sans avoir pu rentrer, ou pour des problèmes de connexion aérienne ou pour des difficultés parfois financières causées par la pandémie dans le monde entier.
Le tourisme international va aussi reprendre à plus grande échelle depuis toutes les latitudes, y compris des visiteurs étasuniens qui ont l’habitude de venir malgré les difficultés et les restrictions.
C’est donc pour notre peuple un moment de joie, de joie prudente, d’ouverture progressive, de passage à ce que certains appellent la nouvelle normalité. Oui, un moment de joie pour notre peuple.
Vous avez assisté à des scènes de réjouissance dans notre population, de la part de nos jeunes, de nos enfants, qui remplissent à nouveau le boulevard de front de mer de La Havane, ou les places dans d’autres villes du pays, les plages, les lieux de loisirs.
Aussi ne permettrons-nous en aucun cas que l’administration étasunienne – qui ne cesse de nous attaquer d’une manière persistante et qui s’efforce avec plus d’intensité depuis six ou huit mois d’engendrer des conditions de déstabilisation intérieure – trouble la tranquillité et la sécurité de nos citoyens, endommage la paix sociale caractéristique du peuple cubain, de notre nation, joue, comme on dit populairement, les trouble-fête !
Aussi ne permettrons-nous en aucun cas que l’agression organisée de l’étranger, à l’aide d’agents internes recrutés, entraînés, financés, organisés, voire parfois transportés directement dans des véhicules diplomatiques de l’ambassade étasunienne à La Havane, puisse troubler ce moment de joie de notre peuple !
Qu’il soit clair que notre peuple, s’en tenant strictement à sa Constitution, à ses lois, fort de son attitude, de son esprit, du large consensus qui le caractérise, défendra bien entendu le nouvel ordre constitutionnel pour lequel il a voté récemment d’une manière massive et enthousiaste dans le cadre d’un référendum populaire.
L’axe central de cette opération organisée depuis des centres de pouvoir étasuniens, dans le cadre de la politique officielle de l’administration étasunienne, une opération où interviennent de hauts fonctionnaires de la Maison-Blanche, du département d’État et d’autres agences, où interviennent de manière permanente des sénateurs et des législateurs cubanophobes, où interviennent des entités qui répondent à la politique de cette administration et financent de différentes manières les coups d’Etat en douceur, est de provoquer un état de déstabilisation tel que, comme cela est arrivé dans d’autres pays, le résultat en soit des conflits, des guerres, des interventions, y compris militaires, et des occupations ; l’axe central de cette opération, le scénario déjà écrit par l’administration étasunienne, est de montrer – mais c’est là une tentative désespérée, infructueuse, sotte – que Cuba est un État en faillite, et de s’en servir comme prétexte pour durcir le blocus, pour maintenir les deux cent quarante-trois mesures de coercition adoptées par Trump et maintenues avec autant d’intensité par Biden, dont plus de soixante adoptées durant la pandémie, de sorte que celle-ci est devenue une alliée d’un blocus rendu ainsi encore plus génocidaire et extraterritorial.
Ainsi donc, l’objectif essentiel de cette campagne prolongée de l’administration étasunienne – en fait, voilà maintenant plus de soixante ans qu’elle dure, puisque, comme je le relisais voilà quelques jours, elle avait tenté de fomenter des émeutes au début des années 60 – est justement de créer des situations internes à même de favoriser ses visées de domination, d’hégémonie, d’ingérence dans les affaires intérieures de notre peuple, de violation de notre indépendance et de notre souveraineté, voire de participation d’autres pays à cette politique.
Ces campagnes, renforcées ces derniers mois, causent des souffrances accrues à notre peuple, ce que l’administration étasunienne sait pertinemment puisqu’elle aspire justement par là à créer des conditions qui conduiront à ce à quoi elle aspire : une explosion sociale.
L’administration étasunienne prétend provoquer par ses actions l’instabilité et la violence, et donc troubler la paix de notre peuple. Elle recourt pour ce faire à un puissant appareil communicationnel, surtout numérique. Elle tente de construire, à partir du mensonge et de l’irréalité, un théâtre virtuel inexistant dans l’espoir d’en faire une réalité absente à Cuba.
Cette opération en cours utilise de gros moyens financiers et documentaires fournis directement par l’administration étasunienne et ses agences. Ses opérateurs et ses agents internes résident aussi bien aux Etats-Unis que, mais dans des cas très spécifiques, dans notre pays, voire dans d’autres capitales, essentiellement européennes.
Cette opération est organisée fondamentalement, des points de vue matériel et pratique, aux Etats-Unis mêmes, en alliance avec des groupes violents qui ont mené et mènent encore des actions terroristes contre notre peuple, et contre les ambassades cubaines à l’étranger.
Elle utilise des pratiques et des modalités de communication qui sont typiques de la polarisation extrême et extrêmement toxique que connaît, malheureusement, la politique dans la société étasunienne, et notamment la politique électorale en fonction des élections de novembre de l’année prochaine.
Facebook, par exemple, cette gigantesque plateforme privée dont on sait à quels objectifs ses propriétaires répondent, non seulement viole systématiquement le droit des citoyens à une information véridique, à l’intimité, au non-trafic de leurs données personnelles, mais encourage aussi les appels à la haine, y compris raciale, à la division, à la discrimination, à la violence. Des documents publiés récemment, et même des témoignages internes le prouvent éloquemment.
Les groupes privés qui se sont installés sur la plate-forme de Facebook – je tiens à le dire – non seulement mènent des activités illégales du point de vue du droit international, du droit étasunien et du droit des autres pays où ils opèrent, mais violent aussi les lois cubaines, en particulier les politiques dites de communauté, et jusqu’aux propres normes de Facebook, modifiant des algorithmes, modifiant des mécanismes de géolocalisation pour faire croire à une présence massive à Cuba de personnes et de comptes dont on sait parfaitement qu’ils sont installés hors de notre pays, et essentiellement en Floride et ailleurs aux Etats-Unis. Facebook pourrait parfaitement faire l’objet de demandes légales pour ces pratiques contre Cuba.
Ce qui est en jeu pour moi dans ces événements, c’est le droit d’un État souverain, d’un peuple libre à exercer sa libre détermination face à la tentative d’une superpuissance d’intervenir dans ses affaires intérieures, de forcer un « changement de régime », de détruire son ordre constitutionnel, et ce pour des motivations strictement politiques, pour des motivation ne répondant qu’aux intérêts de groupes de pouvoir qui s’enrichissent avec la politique extérieure et prétendent manipuler les citoyens étasuniens.
Ce qui est en jeu, c’est le droit du peuple cubain à la paix, à la stabilité, à la tranquillité et à la sécurité citoyenne, face à une puissance qui, agissant illégalement, prétend les troubler.
Le 26 octobre, des journalistes ont demandé au porte-parole du département d’État quel rapport l’administration avait avec les prétendues protestations à Cuba, et celui a refusé de répondre à deux reprises. Ce qu’on fait généreusement, en revanche, de nombreux fonctionnaires et hauts fonctionnaires de l’administration et des hommes politiques de ce pays qui ont menacé ouvertement Cuba de nouvelles sanctions et représailles.
Voilà à peine une heure, j’ai dû modifier mes calculs : depuis le 22 septembre, j’ai dénombré non plus vingt-huit, mais vingt-neuf déclarations émanant de l’administration étasunienne et de figures de poids au Congrès qui visent toutes à encourager, à orienter, à fomenter des actes de déstabilisation dans notre pays, à violer l’ordre constitutionnel, les lois cubaines, les autorités.
Ces individus exigent que Cuba autorise des actions qu’elle n’a jamais permises et ne permettra jamais, à plus forte raison quand il s’agit d’actions d’un gouvernement étranger visant à la déstabiliser. Non contents de demander, ils exercent des pressions sur différents gouvernements, dont vous représentez certains ici, pour qu’il se joignent à ces actions contre Cuba. Ils ont même sommé une partie de vous autres, diplomates accrédités à La Havane, parfois de manière personnelle, de prendre part à des actions illégales de ce genre.
Ils présentent de soi-disant pacifistes ou manifestants d’une manière mensongère, alors que ce sont, on le sait, des agents étrangers qui encouragent des actions violentes de vandalisme et qui, si on les laissait faire, créeraient des situations mettant en danger la paix intérieure. Ils les présentent sans la moindre vergogne comme des militants des droits civils. Ils brandissent des menaces depuis le Congrès des Etats-Unis lui-même.
On s’étonne – et pourtant nous avons de l’expérience en la matière, et le monde a vu des choses inimaginables, surtout ces deux dernières années ! – du deux poids deux mesures, du cynisme, de l’hypocrisie dont font preuve des figures de l’administration quand elles abordent ces thèmes.
Des figures qui ne disent mot des massacres dont sont victimes les vrais défenseurs de droits de l’homme et les militants sociaux, qui taisent la répression brutale déclenchée contre les manifestants par des policiers qui utilisent des équipements quasi-militaires dans le cadre d’une répression qui ressemble plus à une action militaire qu’à la restauration de l’ordre intérieur…
Des figures qui ne disent mot des lésions oculaires dont ont été victimes des centaines et des centaines d’adolescents et de jeunes dans notre région. De hauts fonctionnaires de l’administration étasunienne qui se rendent pourtant en visite officielle dans des pays où l’on décrète l’état d’exception pour étouffer les protestations sociales, où l’on militarise la société, où l’on invoque des lois antiterroristes pour réprimer les protestations sociales. Vous avez sous les yeux la liste, incomplète bien entendu depuis ce matin, et les dates de ces déclarations.
En octobre, rien qu’en octobre, l’ambassade étasunienne à La Havane a publié, seulement sur Twitter, cinquante-neuf messages, dont trente-six en rapport avec cette tentative ouverte de troubler l’ordre constitutionnel et la stabilité intérieure de Cuba.
Trois de ces tweets parlent sans la moindre vergogne de l’aide que l’administration étasunienne aurait censément offerte au peuple cubain, informant des garanties en vue d’un plus grand accès à des aliments, à des médicaments et à des articles médicaux, et expliquant les moyens de faciliter l’envoi de cette aide à Cuba et les choix pour accélérer la livraison de biens humanitaires.
C’est là un mensonge éhonté ! L’administration étasunienne n’a jamais offert durant toute la pandémie la moindre aide à Cuba, ni humanitaire ni d’une autre nature ! Même quand notre seule usine de production d’oxygène a souffert une avarie, l’administration n’a offert ni concédé la moindre autorisation spécifique pour envoyer de l’oxygène à Cuba, car il faut savoir que, pour ce faire, l’administration doit l’autoriser expressément…
L’administration Biden n’a pas envoyé une seule tonne d’aliments ou de médicaments à Cuba ! Elle a plutôt entravé par ses réglementations et par la pratique agressive qu’elle semble avoir héritée par inertie de l’administration Trump, l’aide humanitaire que des groupes de solidarité, des groupes de Cubains vivant aux Etats-Unis, des organisations de la société civile, ont collectée généreusement à la suite de démarches extraordinaires et de nombreux efforts et envoyée à Cuba, ce qui a une immense valeur morale pour notre peuple et constitue pour lui un encouragement.
L’administration étasunienne continue d’appliquer des mesures qui empêchent la réunification familiale, qui empêchent les voyages familiaux, qui empêchent la délivrance de visas, et même de visas d’émigration, en violation flagrante des accords migratoires contraignants signés entre les deux pays, qui restreignent les périodes de visas à des citoyens cubains, qui interdisent à des citoyens cubains vivant dans des pays tiers et possédant la double citoyenneté d’entrer aux Etats-Unis avec ces passeports.
En plus de la fermeture des services consulaires dans notre pays et de l’obligation, toujours plus coûteuse, d’aller demander dans un pays tiers la délivrance d’un visa d’émigration ou d’un visa de séjour temporaire, l’administration étasunienne vient d’imposer un nouvel obstacle : les citoyens cubains souhaitant se rendre aux Etats-Unis doivent avoir été immunisés par des vaccins reconnus par l’autorité étasunienne compétente ou par l’Organisation mondiale de la santé.
Or, les vaccins cubains ont été avalisés par l’autorité régulatoire cubaine et par celles de différents autres pays. J’espère que l’Organisation mondiale de la santé agira conformément à ses propres normes, qu’elle tiendra compte de la situation d’urgence qu’on vit aujourd’hui sur la planète, dans des nations sœurs, notamment en Afrique, qui n’ont pas pu avoir accès aux vaccins et qu’elle hâtera les procédures de pré-certification en cours au sujet des vaccins cubains.
Heureusement, l’OMS coopère depuis très longtemps avec Cuba et a reconnu d’autres vaccins cubains, et elle sait que notre pays, je le dis en toute modestie, est l’un des premiers au monde en ce qui concerne la vaccination des enfants à partir de vaccins reconnus à l’échelle internationale.
Mais il n’en reste pas moins discriminatoire que les Cubains ne puissent entrer aux Etats-Unis alors pourtant qu’ils ont été vaccinés par des vaccins cubains certifiés à pleine valeur légale et dont l’efficacité a été totalement prouvée, non seulement par des études cliniques et des campagnes d’intervention sanitaire à Cuba et dans d’autres pays, mais aussi par le fait que nous sommes en train de contrôler la pandémie, bien que les mesures découlant du blocus, dont certaines sont récentes et datent de l’étape de la pandémie, aient entravé les recherches médicales, la production industrielle et les études d’intervention dans notre pays, bloqué l’importation d’équipements, de matériaux et de matières premières nécessaires à la production à échelle de n’importe quel vaccin.
On s’étonne toutefois que l’administration étasunienne – tout en stimulant par ces pratiques l’émigration irrégulière, en restreignant le droit des Cubains de voyager et d’émigrer, ce qui les laisse sans défense face à la traite d’êtres humains et porte préjudice à ses propres intérêts en matière d’application de la loi concernant la traite d’êtres humains, ce qui crée des situations difficiles pour les pays frères par où passent les Cubains qui partent de Cuba tout à fait régulièrement, avec les visas délivrés par leurs consulats, sur des lignes aériennes et des vols commerciaux réguliers, et se convertissent ensuite en des flux irréguliers qui causent des pertes de vies et provoquent des situations dramatiques, voire tragiques, non seulement dans le détroit de la Floride, mais aussi dans la forêt vierge de Darién et sur d’autres routes de migration irrégulière – garantisse avec le plus grand cynisme, malgré ses appels dissuasifs, l’entrée par la frontière sud des Etats-Unis de citoyens cubains qui non seulement y sont arrivés de façon irrégulière, mais qui, de toute évidence, ne sont pas vaccinés et ne possèdent aucun certificat…
Durant ces deux années de pandémie, l’administration étasunienne n’a pas offert la moindre aide humanitaire à notre peuple. Elle s’est même écartée d’une tradition émanant de ses prédécesseurs, républicains ou démocrates, qui l’ont fait par le passé dans des cas de cyclones ou de catastrophes naturelles. Et Cuba y a toujours été réceptive. Même si elle n’a jamais cessé d’affirmer que, si cette préoccupation humanitaire était vraiment sincère, l’administration en question devrait commencer par lever les mesures de blocus, surtout celles qui causent les plus graves préjudices et les plus grosses difficultés à notre économie, notamment les ruptures de stocks, des désapprovisionnements, à cause des dépenses exorbitantes que nous avons dû faire pour combattre la pandémie, des effets économiques de la pandémie en soi et de la crise internationale sur nos revenus extérieurs, et de nos propres difficultés.
A supposer que l’administration étasunienne n’ait pas eu la volonté élémentaire de tenir les promesses électorales qu’elle a faites à ses électeurs démocrates, à ses électeurs sans parti, aux Cubains vivant aux Etats-Unis, ou inscrites sur sa plateforme électorale, mais qu’elle ait au moins une vocation humanitaire minimale, alors elle aurait dû faire une offre en vue de combattre la pandémie.
Or, ce n’est que vendredi dernier que le département d’État s’est adressé à notre ambassade de Washington – alors que notre pays est à deux doigts de la réouverture, alors que notre peuple fête le contrôle de la pandémie, alors que la campagne de vaccination des Cubains est quasiment conclue, alors que les trois vaccins cubains ont démontré leur efficacité extraordinaire, une des meilleures au monde, alors que la vitesse de la campagne de vaccination est l’une des plus élevées au monde, alors que le premier programme au monde de vaccination pédiatrique à partir de deux ans est pratiquement conclu – pour offrir un don à Cuba ! Mais un don assorti de nombreuses conditions, de nombreuses exigences, n’offrant aucune clarté sur les circonstances, les conventions ou les mécanismes internationaux en jeu, des mécanismes qui ont été à ce jour, par ailleurs, totalement inefficaces, discriminatoires, d’autant que les USA n’ont même pas tenu leurs engagements envers Covax, par exemple. L’administration étasunienne nous offre donc un million de doses d’un de ses vaccins. Sachez qu’un million de doses ne permet de vacciner que quelques centaines de milliers de personnes, dans un pays qui compte onze millions d’habitants.
L’administration étasunienne offre des vaccins à une population désormais vaccinée, dans un pays où le programme de vaccin de rappel est déjà en cours ! Mais elle pose en plus des conditions rigoureuses et interventionnistes. Il faudra avant réaliser des études cliniques à Cuba. Qu’est-ce que ça veut dire ? Combien de temps dure un essai clinique ? On nous offre des vaccins que nous ne pourrons utiliser que dans six mois ou un an ! Nous devons aussi assumer la responsabilité légale de compensations en cas d’effets indésirables. Nous devons aussi faire des études cliniques pour vérifier que ces vaccins sont compatibles avec les vaccins cubains et nous devons accepter que des agences étasuniennes contrôlent la destination finale des vaccins…
Quel sens a cette offre opportuniste de dernière minute, qui n’aurait pas le moindre effet pratique ? Pourquoi non dans le cas de l’oxygène, et oui dans celui des vaccins ? Pourquoi n’avoir pas offert de vaccins quand nous en avions le plus besoin ? Pourquoi ne pas nous avoir facilité l’achat des intrants indispensables pour combattre la pandémie et produire à échelle nos vaccins ?
Mais je me dois de déclarer ceci : si l’offre de l’administration étasunienne est sérieuse, sincère et responsable, notre pays la reconnaît et l’apprécie comme un geste dans la bonne direction. Nous avons répondu en lui expliquant respectueusement et en accord avec la pure vérité pourquoi ce don ne contribuerait pas à améliorer la santé des Cubains et n’aurait aucun effet épidémiologique. Et nous lui avons proposé d’utiliser cette quantité de vaccins de pair avec un don de vaccins cubains pour immuniser la population d’un pays en ayant grandement besoin, qui pourrait être un des Caraïbes, des personnels de santé étasuniens et cubains travaillant alors de concert à ce programme de vaccination…
Je réitère aujourd’hui en public l’offre que nous avons proposée en privé à l’administration étasunienne, autrement dit, une coopération triangulaire menée de concert. Nous sommes en contact avec des gouvernements de pays qui réuniraient ces conditions, dans le respect absolu de leur souveraineté, au cas où ils seraient intéressés par ce projet.
Le plus cynique dans la politique de l’administration étasunienne envers Cuba, c’est ce qu’a affirmé Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale à la Maison-Blanche, suivi en cela par Anthony Blinken, le secrétaire d’État, et par d’autres figures de l’administration : la révision intégrale de la politique envers Cuba, une des promesses de la plateforme électorale sur laquelle Biden a été élu, n’aura pas lieu parce que les circonstances ont changé.
Je somme l’administration étasunienne de présenter la moindre donnée concernant les résultats de cette prétendue révision ou de dire quelles sont les circonstances qui ont changé, hormis l’opération en cours que je viens de dénoncer et ses conséquences durant l’été !
Je tiens à signaler que le financement par l’administration de la guerre contre Cuba, guerre économique, guerre politique, guerre commerciale et financière, guerre communicationnelle, guerre non conventionnelle avec ses actions de déstabilisation typiques, prélude à des actions encore plus bellicistes, s’est accru et coule en permanence.
Rien qu’en septembre 2021, l’US/AID a alloué une subvention de six millions de dollars à douze organisations opérant en Floride, à Washington et à Madrid dans le juteux négoce de l’industrie anticubaine et participant à ces tentatives de déstabilisation.
Comme vous avez sous les yeux [sur l’écran en PowerPoint] un échantillon de ces fonds qui continuent de couler abondamment, je ne vais pas m’y appesantir : notre gouvernement a présenté des preuves massue, des preuves irréfutables sur le recrutement, l’entraînement, le financement, l’organisation, l’appui logistique dont bénéficient à Cuba même des agents internes que la loi étasunienne taxerait d’agents étrangers passibles de lourdes peines de privation de liberté !
Il n’existe pas d’actions de déstabilisation autochtones à Cuba, d’opposition à notre gouvernement. Vous cheminez dans nos rues depuis plusieurs semaines, vous pouvez parcourir le pays, et je vous invite à le faire, et ce que vous constaterez, c’est la joie de nos concitoyens, l’espoir, le bonheur de la famille et des enfants face à ce moment de chances qui s’ouvre à notre pays, au terme de deux années terribles et à l’approche du nouvel an.
Nous sommes convaincus, nous Cubains, que 2022 sera une année d’occasions prometteuses pour tous, tandis que l’administration étasunienne continue de nous attaquer et de jeter par les fenêtres l’argent de contribuables, parce qu’il est évident que cet argent aboutit dans certaines poches, dans des mécanismes de corruption électorale déterminés qui fonctionnent particulièrement en Floride.
Il existe enfin une opération de toxicité dans la communication sur les réseaux sociaux que le monde doit connaître et rejeter. Il s’agit d’une politique d’encouragement à la haine, d’incitation à la violence, d’instigation au crime qui met en danger non seulement notre peuple, mais qui s’inscrit aussi dans la politique traditionnelle, et qui s’est exacerbée ces dernières années, surtout durant l’administration antérieure dont les politiques continuent malheureusement – par inertie, semble-t-il – d’alimenter celle-ci et qui tendent à troubler la paix sociale et à provoquer des conditions de conflit dans différents pays.
Ces pratiques toxiques et sales de politique électorale se sont, hélas, déchaînées ces dernières années dans la politique étasunienne et ont gagné d’autres pays, d’autres régions.
Le gouvernement cubain, aux côtés de son peuple, étroitement uni à son peuple conformément au consensus largement majoritaire régnant dans le pays, empêchera toute tentative d’actions inconstitutionnelles, ou non constitutionnelles ou anticonstitutionnelles – selon les différentes écoles de droit – qui viseraient un « changement de régime » à Cuba. Nous ne le permettrons pas !
Nous utiliserons nos lois, notre Constitution, nous en tenant strictement aux principes de notre État socialiste de droit et de justice sociale.
Nous ne permettrons pas bien entendu que l’on invoque la Constitution pour la violenter, l’ignorer ou la détruire. Notre peuple continuera de faire les plus gros efforts pour surmonter les difficultés qu’endurent aujourd’hui toutes nos familles. Nous le ferons par nos propres efforts, par notre travail, en faisant fond sur nos propres ressources. En sachant que notre économie s’est avérée résistante et viable. En sachant que nous avons surmonté des moments pires, bien plus critiques. Nous interdirons – cela va de soi – toute tentative d’ingérence, d’intervention, d’intervention humanitaire ou toute autre forme d’intervention contre notre indépendance et notre souveraineté que nous avons défendues pendant plus de soixante ans et que nous continuerons de défendre au prix de nos vies.
La politique des Etats-Unis contre Cuba, durcie ces derniers mois, est vouée à l’échec, elle est inviable. Elle n’a pas marché pendant soixante ans, elle ne marche pas maintenant, même avec un virus comme allié, et elle ne marchera pas non plus à l’avenir.
Sortez de votre rêve, écartez ce mirage, ça ne va pas se passer. Votre politique est dysfonctionnelle, retardée, ancrée dans le passé, coûteuse aux contribuables étasuniens, inefficace, elle entraîne pour l’administration discrédit et isolement international.
Je demande donc la solidarité de la communauté internationale, de la communauté des nations, de l’Assemblée générale, qui est l’organe le plus universel, le plus démocratique et le plus représentatif des Nations Unies.
Je remercie de leur solidarité les amis et amies de Cuba dans le monde ; les groupes de solidarité, les nombreuses forces politiques, les organisations de la société civile sur tous les thèmes et dans tous les domaines sur la planète ; les Cubains vivant sous différentes latitudes, notamment aux Etats-Unis.
J’appelle les gouvernements à prendre conscience que les opérations de déstabilisation orchestrées par l’administration étasunienne contre Cuba incluent des appels désespérés, totalement exprès, au harcèlement et à la violence contre les ambassades cubaines dans les pays que vous représentez.
Ce n’est pas là une hypothèse ; je ne parle pas seulement de la longue séquelle d’actions terroristes contre des ambassades cubaines par le passé. Je parle de menaces réelles, actuelles, je parle de faits récents. Ainsi, le 30 avril 2020, notre ambassade à Washington a été attaquée par un individu portant un fusil d’assaut qui a tiré plusieurs rafales, une action dont l’administration étasunienne n’a pas dit un mot de condamnation en public, dont elle n’a pas garanti qu’elle ne se reproduirait pas et qu’elle n’a jamais taxée de terroriste.
Je parle aussi de la tentative d’incendie contre notre ambassade de Paris, le 26 juillet 2021, et j’espère que l’Union européenne se prononcera en accord avec ses positions contre le terrorisme international. Je parle de faits encore plus récents : du harcèlement brutal au consulat cubain de Barcelone (Espagne), avec des actes qui frôlent l’agression physique contre notre personnel.
Je sais que certains diplomates sont en butte à des pressions publiques et personnelles pour qu’ils s’unissent à ces actes de déstabilisation. Je sais qu’ils ne le feront pas parce qu’ils respectent la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques et le droit international. Je sais que la diplomatie suppose la discrétion, qu’on ne peut pas tout dire devant une caméra, mais vous savez parfaitement ce qu’il se passe à Cuba et ce qu’il ne s’y passe pas…
La campagne va de nos jours jusqu’à des menaces, personnelles y compris, contre des correspondants de la presse étrangère accrédités à La Havane, des menaces contre eux et leurs familles, sous prétexte qu’ils ne reflètent pas ce qui n’existe pas dans notre pays…
J’exige que l’administration étasunienne cesse de harceler des journalistes depuis les USA, notamment les journalistes étrangers, ou d’agences de différents pays du monde accrédités à La Havane, ces harcèlements provenant de domaines et de comptes établis physiquement en Floride.
J’exige que l’administration étasunienne empêche que les Cubains et les amis de Cuba qui s’expriment en faveur de l’indépendance, de la souveraineté, de la culture nationale, qui défendent notre peuple contre les actes de guerre non conventionnelle et les menaces de déstabilisation soient menacés et harcelés aux USA mêmes.
J’exige que les groupes terroristes agissant contre Cuba ne bénéficient pas de l’impunité, comme cela a toujours eu lieu. J’exige en particulier que les lois étasuniennes contre l’incitation au terrorisme soient appliquées contre certains porte-parole de groupes historiquement terroristes contre Cuba, deux d’entre eux en particulier, extrêmement actifs comme agent extérieurs de la provocation qu’orchestre l’administration étasunienne et qui vivent à Miami, incitant à des actes terroristes contre notre peuple et contre des sièges diplomatiques. C’est le moins que puisse faire l’administration étasunienne face à l’échec de sa politique.
Défendons le droit international qui protège tous nos États, en particulier ceux du Sud, les petits États. Défendons le droit des États à l’indépendance et à l’exercice de leur souveraineté. Défendons aujourd’hui, à Cuba et avec Cuba, le droit des peuples à la libre détermination, et nous agirons ainsi en faveur d’un monde meilleur et contribuerons à prévenir que ces pratiques continuent de s’appliquer, comme nous l’avons vu dans certains cas ces dix dernières années, à n’importe laquelle de nos nations.
Je le répète : notre peuple va exercer, dans la joie et parce qu’il le mérite vraiment, son droit à la paix. Son droit de fêter pour avoir vaincu une pandémie. Son droit de fêter pour avoir déjoué les mesures prise par l’administration étasunienne pour durcir le blocus, notamment en pleine crise humanitaire internationale et en époque de pandémie à Cuba.
Elle ne va pas gâcher notre fête, elle ne va pas jouer les trouble-fête. Je vous invite à vous joindre dans l’allégresse et l’espoir à la joie de notre peuple. Parcourez nos rues, assistez aux nombreux évènements culturels, sportifs, universitaires qui vont se tenir d’ici à la fin de l’année, dont le nouvel anniversaire de La Havane, capitale de tous les Cubains. Je vous souhaite un joyeux Noël, un nouvel an heureux et prospère pour vous et vos familles. Je vous réitère ma reconnaissance et ma joie de savoir que vous êtes aux côtés de notre peuple. C’est un grand encouragement.
Je vous remercie.
(Cubaminrex)