(Dakar, le 12 avril 2023) L'héritage de l'éminent producteur sénégalais Daniel Cuxac se perpétue non seulement dans le patrimoine familial, mais aussi dans le désir de continuer à relier le public africain au berceau du son, du chachachá, du boléro, de la guajira et de la guaracha. C'est ce qui ressort de l'agréable conversation qui s'est déroulée mercredi entre la veuve de l'éminent artiste et madame l'ambassadeur Maydolis Sosa Hilton.
Ginette Senghor Cuxac, qui a accompagné pendant plusieurs années Cuxac dans son amour et sa friction avec la plus select des musiques cubaines, reconnaît les racines africaines dans les modes de la musique cubaine, et a évoqué comment les groupes de type charanga comme Aragón et La Revé, se sont cristallisés dans le goût des danseurs d'Afrique de l'Ouest, où en plus de la partie qui touche le Sénégal, ces influences sont insufflées, voire réinterprétées dans des styles tels que la salsa Mbalax.
Près d'un demi-siècle de passion a valu à Cuxac l'esprit d'un collectionneur invétéré et systématique, et il a rempli de scènes les principales villes d'une grande partie de l'Afrique. Ce n'est pas pour rien qu'il a été reconnu comme Homme du Show Business Africain au début du XXIe siècle, car des centaines de stars mondiales sont arrivées ici sous ses auspices.
Congolais, Guinéens, Angolais, Mozambicains, Maliens et Burkinabés, entre autres, depuis les années 1960, grâce à la solidarité cubaine, ont chanté El Manisero, La Guantanamera, pregones, rumbas, pachangas, changüí, ou danzones, même dans un espagnol parfait. Certains disques sont arrivés dans les valises d'étudiants de ces pays formés à Cuba, et d'autres, en direct, grâce aux efforts de Daniel.
Par exemple, les Maravillas de Mali, véritables héritiers des Aragón dans le format de la charanga française (bien qu'ils aient emprunté leur nom au célèbre orchestre des Maravillas de Florida), sont arrivés comme étudiants à La Havane en 1964 pour se spécialiser dans différentes carrières, et ont reçu des cours du leader même du groupe de Cienfuegos, Rafael Lay Apesteguía, à l'école d'Alejandro García Caturla. Des années plus tard, Cuxac lui-même les immortalisera en Afrique avec des succès tels que "Rendez-vous chez Fatimata" et "África mía" et "Boogaloo sera Mali".
La paix, la réconciliation et la cohésion du continent par la musique : tels étaient les paris de cet infatigable mélomane et producteur. Des désirs et des forces qui n'ont cessé que le dernier mois de 2018, mais qui font partie des aspirations de sa famille, dirigée par Mme Ginette.
Bien qu'il y aurait beaucoup d'histoires à raconter lors de longues soirées à écouter Aragón elle-même, ou Abelardo Barroso avec La Sensación ou le Septeto Habanero, le diplomate cubain a souligné comment le genre dansant continue à générer des groupes avec de grandes racines populaires en plus des classiques actifs. "L'Afrique, et le Sénégal en tant qu'adepte et danseur fidèle de ces sons, a encore beaucoup à découvrir, et c'est ainsi qu'une infinité de projets de collaboration peuvent voir le jour lors de festivals et de célébrations de dates importantes", a-t-elle déclaré.
L'expérience commerciale d'entreprises dédiées au monde du spectacle à Cuba, parmi lesquelles la maison de disques EGREM, dont le label Areíto possède une discographie représentative de l'œuvre africaine, pourrait avoir des répercussions dans ce pays, et constituer également un espace où aller voir les prestations de groupes locaux et de la plus grande des Antilles, a-t-il ajouté.
Il a également souligné le statut de Cuxac en tant que président d'honneur de l'Association sénégalaise d'amitié et de solidarité avec Cuba, ASENECUBA, un fait soutenu par son dirigeant actuel Oumar Ousmane Ndiaye, car la fidélité et la constance dans la revendication du meilleur de la création musicale cubaine réalisée dans l'île, a trouvé dans l'ami de Cuba un diffuseur fidèle et déterminé. (EmbaCuba Sénégal)