(La Havane) L’administration étasunienne a, le 14 janvier 2015, annoncé sa décision de : 1) radier Cuba de la liste que dresse le département d’État au sujet des États censément commanditaires du terrorisme ; 2) de recourir à la prérogative qui permet au président d’empêcher que des ressortissants étasuniens présentent des demandes judiciaires devant des cours de ce pays aux termes du Titre III de la Loi Helms-Burton, et 3) de supprimer la liste des entités juridiques cubaines classées comme « sujettes à restriction », ce qui interdit aux citoyens et aux institutions des Etats-Unis de faire des transactions financières avec elles et a des effets sur des pays tiers.
Bien qu’elle soit limitée, cette décision va dans la bonne direction et s’ajuste à la réclamation que le gouvernement et le peuple cubains ont présentée d’une manière soutenue et ferme et à l’appel dans ce sens, vaste, insistant et réitéré, de nombreux gouvernements, notamment latino-américains et caribéens, de Cubains vivant à l’étranger, d’organisations politiques, religieuses et sociales, et de nombreuses personnalités politiques des Etats-Unis et d’autres pays. Le gouvernement cubain leur sait gré de leur contribution et de leur sensibilité.
Cette décision met fin à des mesures de coercition spécifiques qui, de pair avec bien d’autres, causent de graves préjudices à l’économie cubaine et ont de sévères retombées sur la population, un point qui n’a cessé d’apparaître dans les échanges officiels entre Cuba et l’administration étasunienne.
N’empêche – et il est important de le signaler – que le blocus économique et une bonne partie des dizaines de mesures coercitives imposées depuis 2017 pour le renforcer se maintiennent tels quels, et que leur effet extraterritorial perdure en violation du droit international et des droits humains de tous les Cubains.
Nous n’en donnerons que quelques exemples. Les livraisons de carburant que Cuba a le droit absolument légitime d’importer continuent de faire l’objet d’une traque illégale et agressive. Les accords tout aussi légitimes de coopération médicale internationale entre Cuba et d’autres pays continuent de faire l’objet d’une persécution cruelle et absurde, menaçant de priver des millions de personnes de services de santé et limitant les potentialités du système de santé publique cubain. Les transactions financières internationales de Cuba et celles de n’importe quel ressortissant cubain ayant à voir avec Cuba continuent d’être interdites et font l’objet de représailles. Les armateurs de cargos accostant à Cuba continuent de faire l’objet de menaces.
Par ailleurs, aucun ressortissant étasunien, aucune entreprise ni aucune filiale d’une entreprise de ce pays n’a le droit de faire du commerce avec Cuba ou avec des entités juridiques cubaines, sauf exceptions très restreintes et réglementées. La politique officielle des Etats-Unis continue de se fonder sur le harcèlement, l’intimidation et les menaces contre tout ressortissant de n’importe quel pays qui se proposerait de faire du commerce avec Cuba ou d’investir dans notre pays. Cuba reste une destination interdite par le gouvernement des Etats-Unis à ses citoyens.
Les Etats-Unis poursuivent leur guerre économique contre Cuba, ce qui constitue l’obstacle fondamental au développement et au redressement de l’économie cubaine, le blocus faisant payer un coût humain élevé à notre population et constituant une incitation à l’émigration.
La décision que l’administration étasunienne vient d’annoncer corrige de façon très restreinte quelques points de sa politique cruelle et injuste. Une correction qu’elle prend quasiment en fin de mandat, alors que, si elle avait voulu agir correctement, elle aurait dû le faire voilà plusieurs années en tant qu’acte de justice élémentaire, sans rien réclamer en échange et sans fabriquer des prétextes pour justifier son inaction. Pour radier Cuba de sa liste arbitraire des États commanditaires du terrorisme, il lui eût suffi de s’en tenir à la stricte vérité, de reconnaître qu’il n’existe absolument aucune raison pour l’y inscrire et que notre pays a un comportement exemplaire dans la lutte contre le terrorisme, ce qu’ont même admis des agences gouvernementales des Etats-Unis.
Nous n’ignorons pas, par ailleurs, que la prochaine administration peut annuler les mesures adoptées aujourd’hui, comme cela est arrivé à d’autres occasions, dans le cadre d’une conduite contre Cuba absolument dépourvue de légitimité, d’éthique, de justification et de raison.
Pour ce faire, les politiciens étasuniens ne se soucient guère, d’ordinaire, d’aller chercher des justifications honnêtes, leur objectif restant celui que Lester Mallory, sous-secrétaire d’État adjoint, avait fixé en 1960 : faire plier les Cubains par l’encerclement économique, la misère, la faim et le désespoir. Le gouvernement étasunien ne s’embarrassera pas de justifications, tant qu’il restera incapable de reconnaître et d’accepter le droit de Cuba à l’autodétermination et tant qu’il sera disposé à payer le coût politique – l’isolement international – que lui vaut sa politique illégale et génocidaire d’asphyxie économique de Cuba.
Cuba continuera de faire face, tout en la dénonçant, à cette politique de guerre économique, aux programmes d’ingérence et aux opérations d’intoxication et de discrédit financés chaque année, à coups de dizaines de millions de dollars tirées du budget fédéral. De même, elle reste disposée, malgré les différences qui nous séparent. à nouer des relations de respect avec les Etats-Unis, à condition qu’elles soient fondées sur le dialogue et sur la non-ingérence dans les affaires intérieures de chacun.
La Havane, le 14 janvier 2025
(EmbaCuba Senegal-Cubaminrex)